Roger DUDANT
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Belgique 1929 - 1991
Art Abstrait
Roger Dudant est né le 10 mars 1929 à Laplaigne, un village du Tournaisis.
Son père est forgeron et sa mère, gère une modeste fermette.
Le ménage, uni, entoure d'affection un enfant calme et solitaire, qui ne s'intéresse pas trop à l'école. Le garçon préfère parcourir les immenses plaines environnantes, aux horizons coupés par des peupliers qui se mirent dons les marais et les eaux de l'Escaut inondant périodiquement le verger familial.
En 1941, sous l'occupation, le Jeune Dudant fréquente une section d'humanités anciennes à Tournai.
Tous les jours, à 5 h 30, il traverse le fleuve en barquette pour prendre un tortillard qui s'arrête dans les petites gares du Pays blanc, celui des fours à chaux, centré sur Antoing. Dans la brume matinale et la pénombre, il entrevoit des entreprises industrielles, des wagons, des poteaux.
À la Libération, il a quinze ans. Plutôt que de retourner dans la grisaille quotidienne, il s'inscrit par hasard à l'Académie de Tournai. Dudant a la chance de rencontrer deux professeurs exceptionnels, Victor Noël et Emile Salkin.
Victor Noël a trente ans. Il enseigne la peinture décorative et le dessin publicitaire.
Rigoureux et exigeant pour lui-même, il fait travailler.
Le jeune Dudant fréquente l’atelier tous les jours. C'est un bûcheur. Le maître découvre les petites gouaches de l'élève, exécutées à Laplaigne pour le plaisir. Il l'engage à continuer.
Cet encouragement est décisif. L'adolescent deviendra peintre.
Puis, il y a Emile Salkin. Cet homme de quarante-cinq ans donne, une fois par semaine, un cours d’initiation esthétique.
Il commente, d'une façon lyrique, les fresques romanes ou la peinture cubiste. Il mène les débutants au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles où défilent, dans l'après-guerre, les chefs-d’œuvre classiques des grands musées européens, mais aussi l'École de Paris, la Jeune Peinture française ou Klee.
Il fait également visiter le Louvre ou le Musée National d'Art moderne de
Paris.
À la fin du cycle, Dudant désire poursuivre sa formation à Bruxelles.
En 1950, Salkin lui conseille de s'inscrire à «La Cambre» (École Nationale Supérieure d'Architecture et des Arts Décoratifs) pour y suivre le cours de peinture monumentale qui vient d'être confié à Paul Delvaux, vieil ami d'enfance.Ce rêveur, vivant dans un autre monde, est un excellent pédagogue. Pendant trois ans, Dudant apprend à dessiner et à composer.
Il accède surtout à un univers poétique où des êtres hantés par leurs fantasmes évoluent dans le silence d'étranges et composites architectures éclairées par des réverbères voisinant avec des poteaux électriques, et parcourues à l'occasion par un tram ou un train.
Il voit Delvaux s'atteler à une «Crucifixion» (1951-1952) et des «Mises au tombeau» (195 1 et 1953), dont les acteurs - des squelettes - se situent dans un décor réduit à sa quintessence : des constructions métalliques et des tôles ondulées.
C'est le déclic. Dudant, à son tour, n'hésitera pas à évoquer les wagons et les fours à chaux de son enfance.
En juin 1953, il termine son cursus avec la plus grande distinction.
Il se marie à la fin de l'année avec une compagne de l'Académie de Tournai, Monique Lejuste.
Le jeune ménage s'installe dans cette localité, sise entre Tournai et Mons, proche de la forêt de Bon-Secours et entourée d'une région agricole se prolongeant jusqu'à Laplaigne et Antoing.
En février 1954, Dudant remporte le prix «Jeune Peinture Belge".
Dès 1955, il expose à Bruxelles - au Palais des Beaux-Arts -, puis à Liège, Gand, Anvers.
Il est lauréat du prix du Hainaut en 1956.
Il vivra de son art.
Il aura quatre enfants, fera bâtir en 1959 une agréable demeure jouxtant un atelier spacieux et fonctionnel.
À l'étranger, Dudant obtient, en 1955, une troisième mention au concours International de la Fondation Carnegie à Pittsburgh et, en 1956, un prix à la quatrième exposition internationale de dessins et gravures à Lugano.
Ses envois voyagent de Paris à Venise, de New-York à Rio de Janeiro, de Sao-Paulo à Tokyo, de Madrid à Oslo, de Rotterdam à Bucarest, de Cologne à Varsovie, de Prague à Téhéran.
En 1963, le Ministère de l'Éducation Nationale et de la Culture lui consacre une monographie.
En 1976, lors de la mise à la retraite de Jo Delahaut, lui-même successeur de Paul Delvaux, Dudant devient professeur de «peinture et recherche tridimensionnelles» à la Cambre où il était entré vingt-cinq ans auparavant.
En 1987, il est nommé membre correspondant de la Classe des Beaux-Arts à
l'Académie Royale de Belgique.
Curieusement, à partir de 1970, cette carrière exemplaire ne se manifeste plus qu'en Belgique.
La Flandre ne boude pas l'artiste péruwelzien; Bruxelles lui réserve un accueil sympathique et la Wallonie le reçoit avec faste au Grand-Hornu ou amicalement à Bon-Secours.
Toutefois, la presse qui le comparait naguère à Zao-Wou-Ki, Vieira da Silva, Nicolas de Staël, Hartung ou Rothko aurait plutôt tendance aujourd'hui à en faire le chantre d'un Tournaisis nostalgique.
" Il peint en écoutant de la musique classique, plus par un besoin d’accompagnement qu’en raison d’une attraction profonde. Pour se distraire, il lit de temps à autre un roman ou une biographie. En revanche, il est sensible à la qualité d’une atmosphère ou au ton d’un ciel aperçu de son jardin, de même qu’à l’apparition d’une ville dans un lointain vaporeux. " ...
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